* Souffrance [PV]

« Laisses-toi sombrer… Arrête de lutter… Je mettrais fin à tes souffrances… Tout serait tellement plus simple. Je t’épargnerai bien des souffrances. Tu ne sentiras plus rien. Je tuerais pour toi. Tous ceux qui se mettront en travers de notre chemin… Tu verras… Laisse toi sombrer »

-N…Non…

QUOI ?! Comment osait-il lui refuser ? COMMENT ?! Le Poison s’agita en abandonnant sa vile tentation. Changement de plan. Avec une fureur sans nom, il se déversa dans les veines du loup, torrent de haine brûlante, pénétrant avec rage jusqu'à son cœur.

[topic repris de mon sujet "Souffrance" sur le forum Ledolyn.]

Longues pattes fines foulant le sol dans un rythme régulier. Petites oreilles repliées gigotant à chaque foulée. Queue maladroite et pourtant fine et droite qui vire le vent frais de ses cuisses. Une dalmatienne refoulée, maladroite et énervée jonchait le sol avec un air singulier et grave sur le visage. La brise printanière c’était gentiment levé, accompagnant quelques rossignols joyeux à chanter, et le soleil à illuminer nos prés. Quel matinée poétique n’est-ce pas ? Et pourtant j’étais emplie de chose noire. J’avais refait ce cauchemar, que je n’avais pas vu depuis quelques années. Les deux phares me supprimant les trois êtres qui m’étaient si cher et si important…

J’eus un rejet, un petit crachat fut éjecté au sol, étonnant. Stoppée je regardais la chose, surprise et curieuse j’abaissais mon museau jusqu’à ça. L’odeur était affreuse, et la chose si visqueuse que j’eus une envie de vomir… Je poursuivis rapidement mon chemin, avec ce cœur frêle et tout fin de dalmatien. Balançant mon arrière train, ainsi que ma queue, comme si j’étais joyeuse, alors que c’était tout l’inverse. Les pattes dans la gadoue, des grondements réguliers qui s’échappaient de ma poitrine, mes griffes noires ressorties… Et j’hésitais à montrer mes crocs acérés, au cas ou, qu’un chien vienne à moi, comme lui, l’husky roux qui vomissait au sol, comme fou.

Je m’étais arrêtée, moi demoiselle blanche à tâches marron. Je le regardais, pitoyable, j’étais affreusement déroutée de voir ça. Il était comme, empoisonné, par une sale cochonnerie qui lui rongeait l’intérieur. Mes oreilles cassées ne purent s’empêcher de se retirer en arrière, et mon air grave devenir un air de dégoût total. J’avais pitié, mais jamais, ô grand jamais, je n’irais aider un autre clebs, surtout s’il souffre, j’admirerai le spectacle, comme à cet instant là.

Même torturé, brisé, même torturé par sa folie, par le Poison, il l'entendit. Elle arrivait. A pas réguliers, elle foulait le sol. Méthodiquement. Sa queue fine siffliat dans l'atmosphère pesante, elle avait l'air... heureuse? Pour autant qu'il puisse en juger de l'intérieur de sa souffrance. Il la regarda par-dessus son épaule entre deux haut-le-coeur, plissant les paupières pour mieux l'observer. Il était désespéré, le Poison l'avait pris de court, il n'arrivait pas à lutter contre lui, il l'écrasait de toute sa haine et sa rage décuplées par un sentiment de proche victoire.

L'Akita perdit son calme, paniqua. Ses yeux fous de terreur balayèrent les environs, tombèrent sur la chienne tachetée. Arma accrocha son regard de toutes ses forces à cette image, plongea ses yeux dans ceux de la dalmatienne. Il y trouva de la pitié, auquel il se racrocha comme un radeau... Avant de se rendre compte, qu'il voguait sur un infini océan de haine brûlante. Elle aussi. Elle était brisée. Brisée par la haine, qui la tenait en laisse et la muselait. Dans son regard ne brillait qu'une effroyable haine.

Une froide terreur encercla le mâle roux, il n'y avait donc rien, personne à quoi il pouvait se raccrocher? Le Poison prenait le dessus, bientôt, il contrôlerait son corps et assouvirait sa soif de sang sur tous les êtres vivants qui auraient le malheur de croiser sa route... Arma adressa un dernier regard, un mélange d'avertissement, et de douloureuse supplication. Il ouvrit la gueule avec difficulté, et prononça deux mots, d'une voix tremblante:

-V... Va... t-en...

Pauvre chien. Moi qui avait pour habitude d’être celle qui saute aux gorges, qui en profite quand vous êtes faibles. Lui, je le comprenais. Il souffrait par une haine rongeante. Une haine qui vous rend monstrueux, qui veut que tout le monde souffre comme vous souffrez. Je fis un pas dans sa direction, toujours les oreilles rejetées en arrière. Tête arc bouquée vers l’arrière, le corps raide, la queue placée entre les cuisses. Pauvre bête, j’avais pitié. Mais mon aide ne lui servirait sûrement pas, je le savais très bien. Et s’il devait devenir dangereux, je n’aurais aucune pitié pour l’achever. Ce serait alors une bataille entre deux chiens rongés par la haine, qui voyaient rouge sang. Un sourire sadique se dessina sur mes babines, je me passais en boucle un « viens ! » plein de défit.

Le pire étant, qu’il me suppliait de partir. Il devait encore être dans sa phase « gentil toutou ! ». J’avançais, je savais à peu près à quoi me préparer. Je savais ce qu’était la haine, et je pensais savoir ce qu’était ce poison. Ou bien, me trompais-je et dans ma tromperie, je mourrai lamentablement. Ce ne serait pas une grosse perte à près tout. Je relevais le défit, au la main. Qu’il vienne, qu’il me saute à la gorge, je l’attendais. J’avançais, tête basse, regard levé. Griffes sorties et plantées dans le sol. Je prenais la position de l’étirement et plantais mes pattes avant dans la boue. Je souriais et ramenais tout ça à moi, postérieur en arrière. Mes crocs acérés sortis. Qu’il vienne. Je l’attendais.